Salut camarade CARRENO

Salut Daniel,
Salut camarade CARRENO,

Nous voilà rassemblés, aujourd’hui 9 octobre, jour de grève et de manifestation, pour te rendre un dernier hommage. Un hommage militant. Alors nous avons sorti les drapeaux SUD et SOLIDAIRES. Il y a là des collègues de MOISSY, des camarades du bureau ainsi que d’autres personnes qui te connaissaient.

Le syndicat a tenu à faire fabriquer une plaque commémorative. Sur cette plaque, que nous allons dévoiler dans un instant, il est écrit : « infatigable militant ». Ces deux mots résument à eux seuls ton état d’esprit permanent et tout ce que tu as apporté à notre organisation.

Lorsque tu as rejoint Sud en 94, tu travaillais au centre de tri du PLM, au transbordement comme on disait. Après la fermeture, tu es parti à Roissy CAP (le centre aérien postal qui n’existe plus aujourd’hui). Il fallait développer le syndicat là- bas, même si tu habitais en banlieue sud. Peu après ton arrivée sur le site, en 2000, trois semaines de grève totale paralysait le centre. Et une direction obligée de faire appel aux cadres pour remplacer les grévistes. Ensuite tu es arrivé à la plateforme colis de Créteil où tu as structuré la section locale et fait trembler nombre des patrons qui s’y sont succédés. Et puis, Créteil fermant, tu es arrivé à Moissy-Cramayel où       tu as contribué à développer la section locale qui a réalisé un score de 76% aux dernières élections en 2014. Certes, pas tout seul mais quand même !

Membre du bureau TMT, du conseil syndical, permanent du syndicat pendant 2 ans, tu ne comptais pas tes heures. Une grève par ci (je pense particulièrement à la grève des agences colis l’hiver 2006 en plein mois de décembre, grève qui a donné des sueurs froides aux patrons de l’époque), une audience Prud’homme par la, un tract à rédiger, une réunion à tenir, un texte à amender, une prise de parole à faire, le coup de fil d’un salarié, une audience chez le patron. Toujours présent le CARRENO, toujours sur le pont, toujours disponible pour le syndicat. Jusqu’à une retraite bien méritée en septembre 2017. Mais, même en retraite, tu continuais à militer activement afin de former la nouvelle génération.

Tout au long de ce parcours, tu as impressionné nombre de jeunes militants par tes coups de gueule, tes prises de position intangibles, tes coups de poing sur la table… Et même si aujourd’hui, tu n’es plus là, tu vis à travers celles et ceux que tu as formé, voire formaté, celles et ceux que tu as éduqué, émancipé que ce soit au sein du syndicat ou plus largement. Ce sont eux qui vont continuer le combat, TON combat !

Pour ce parcours exemplaire, je ne vais pas te remercier au nom du syndicat, sinon tu vas encore gueuler ! Car pour toi il était normal d’être présent auprès des plus fragiles, auprès des plus faibles et mobiliser toutes nos forces pour unetransformation sociale complète. Cela faisait partie de ton ADN.

Alors, adieu camarade. On pense que là où tu es, tu continues le combat. Tu dois déjà organiser les camarades autour de toi. D’ailleurs tu as dû retrouver des anciens. Je pense particulièrement à Daniel COURET le créateur de notre syndicat, à Henri TALLET, à Gilles MARECHAL, à Denis OBERMEYER, à Yves COINDEAU, à Jean-Pierre PETIT, et tous les autres pour lesquels nous avons une pensée également aujourd’hui.

Sache qu’ici également, on continue. Alors, bien sûr il y aura toujours les manifs avec poussettes que tu détestais particulièrement, les éternels débats sur les grèves de 24 heures inutiles ou le pessimisme qui agite le monde militant et que tu combattais sans cesse par ta volonté, ton abnégation, tes espoirs… D’ailleurs, aujourd’hui, c’est une mobilisation de ce type, avec manifestation cet après-midi à 14H00 à Montparnasse. Et lorsqu’on en a débattu au bureau jeudi dernier, on a beaucoup pensé à toi.

Alors, salut Daniel. Salut camarade CARRENO. Au nom du syndicat, respect pour ton engagement exemplaire ! Ton esprit va, pour très longtemps encore, habiter nos bureaux, nos conseils et nos débats.

Tu vois, tu seras encore là malgré tout !

Cimetière de YERRES
Le 9 octobre 2018